TINO SEHGAL : RIEN À VOIR

Et s’il n’y avait rien à écrire sur Tino Sehgal ? Pas qu’il n’y ait rien à dire, non. Ou pire, qu’il faille le passer sous silence. Mais son oeuvre se prête-t-elle, finalement, au commentaire ?

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Non.






























Non serait sans doute la meilleure réponse possible à apporter à cette interrogation saugrenue tant l’art récent nous a habitué à ne pas pouvoir vivre sans commentaire, critique, exégèse, interprétation et dévoilement diverses et variés. A croire que l’œuvre n’existe que par le discours. Mais Sehgal est là justement pour remettre en question toutes nos formes habituelles et normées de regard sur l’art. Et, comme un symbole, c’est par le discours, non pas dématérialisation, encore moins disparition, mais volubilité de l’œuvre que Seghal affirme la volonté inachevée et inassouvie des préceptes des artistes conceptuels. L’œuvre n’existant pas par sa reproductibilité (dommage, M. Benjamin…), aucun support ne venant la… supporter, elle s’évade et s’échappe. L’art se vit, non comme une performance, mais comme la réitération du même toujours différent, entre la répétition et le concert, un entre-deux de l’instant qui remet la sensibilité, tant du spectateur que de l’interprète, au premier plan. Comme pour perpétrer ce secret bien gardé, recréant une élite, une société d’initiés écartant le profane (les « j’y étais » des « j’y étais pas »), nous ne décrierons aucune de ses pièces, n’analyserons pas la portée sociale ou économique de sa pratique, mais lui laisserons une place vide, à remplir.




























Car Tino Sehgal ne travaille pas sur le vide mais sur l’expérience, sur l’essence de l’art, sa définition et son interaction avec le regardeur. Une réflexion sur la forme. Un défi lancé à l’immortalité et la sacralisation. Les œuvres survivront-elles au temps ? Cesseront-elles avec la mort de leur créateur ou se perpétueront-elles telles des légendes enfouies et mystiques ? Tiens, et si Sehgal avait, finalement, et le plus simplement qui soit, trouvé le meilleur moyen de se faire sanctifier ?

2 commentaires:

  1. J'y étais..........à Lyon l'année dernière...............et je n'oublierai jamais......

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  2. Et vous avez sans doute raison.... La mémoire comme forme de résistance et seul facteur de propagation et de conservation... Et si c'était le plus efficace ?

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