UMMAGUMMA - WHAT A DISASTER!

C’est Roger Waters qui le dit… Le bassiste chanteur commente ainsi rétrospectivement le 3-4ème album (selon que vous prenez ou non la b.o.f. de More en considération) du groupe anglais The Pink Floyd. C’est également le titre (Ummagumma tout seul, bien entendu… bien que la citation complète aurait sans doute été plus intéressante) de l’exposition actuelle à la Galerie Edouard Manet de Gennevilliers jusqu’au 6 juin 2009. Et l’exposition porte bien son nom….

Maxime Rossi



Prendre le titre d’un album de rock pour titre d’expo, c’est très bien, mais si cela sert à autre chose qu’à ajouter une pointe d’attitude à un travail qui en manque : ce qui semble être le cas ici. Quoique pas tant que cela, finalement ; le décalage n’est pas si grand. Les Pink Floyd (post-Syd Barrett) ne sont après tout qu’un consensus mou et faussement intellectualisé d’une musique sans autre relief que le prestige surévalué de survivants du psychédélisme. Pour en revenir à l’exposition, elle réunit deux fleurons de notre nouvelle jeune scène française : Armand Jalut et Maxime Rossi. D’abord, d’abord, y’a l’aîné…

Armand Jalut semble s’être fait une spécialité des expositions aux titres ridicules : après sa participation à Peinture(s) / Génération 70 à la Fondation Salomon (qui est peut-être ce qui s’est fait de pire, et de loin, en matière de titre d’exposition sur au moins 10 ans : sorte de concentration magistrale de tout ce qu’il faut éviter de faire), il choisit Doigts, cannelés, chaton pour son exposition personnelle chez Michel Rein (qui n’amène pas de commentaire particulier : tout semble tenir en 3 mots). Cette propension aux mauvais titres nous a, à vrai dire, mis la puce (du chaton) à l’oreille : vous aussi, peut-être avez-vous reconnu des similitudes avec les tirades de Marlène Mocquet. Fichtre ! Aurait-elle fait école ? A y regarder d’un peu plus près, il semblerait qu’effectivement nos craintes la tendance se confirme. La sentence « Elle n’est pas un mauvais peintre (…) plutôt un mauvais artiste » (auto-citation référentielle) s’applique à merveille à Jalut. Peut-être peuvent-ils lancer un courant. Prenons-nous un instant pour Louis Leroy (sachant que l’on finira comme lui, anonymes, et bien heureusement, espérons-le, écrasés par les artistes, acteurs majeurs et fondamentaux) et nommons-les, disons, « peintres pense-bête » (peintres du souvenir anecdotique, ils nous rappelleraient ainsi ce que doit être, ou pas, l’art et la peinture. Libre à vous après de séparer les mots ensuite comme bon vous semble…). En résumé et pour faire court : Jalut a une touche, un style enlevé, reconnaissable, une approche singulière et pertinente du médium qu’il gâche par des sujets (des titres !) et des mises en scènes catastrophiques (Tête blonde, Chaton et papillon, Champignon). Mais peut-être sommes-nous passés à côté du fond en privilégiant la forme, ou inversement. Car, à l’instar de Mocquet, ne se situant pas sur une réflexion de la peinture pour elle-même sur un terrain conceptuel, l’erreur parait fatale…. Jusqu’ici. Après tout, Lazare non plus ne pensait certainement pas ressusciter : tout peut arriver.

armand jalut ummagumma

En ce qui concerne Maxime Rossi, l’approche est différente. Ces récents travaux post-école nous laissent à penser (espérer) qu’il est sur la bonne voie. Partant de loin (Eponge, en bronze massif) et s’égarant encore un peu (Le Monde, recouvert de feuilles d’or), les dernières œuvres (Plus de chances, Glissement) nous rassurent un peu sur sa capacité à abstractiser sa pensée et produire des œuvres plus construites, défiant l’interprétation. Tout ceci restant bien entendu à confirmer dans un travail encore difficile à déterminer. Après tout, Saint Antoine non plus ne pensait certainement être tenté par le diable : il suffit de ne pas glisser du mauvais côté.

Deux remarques pour finir : quand on pense que cette exposition à la Galerie Manet se voulait être au départ un panorama de la jeune scène française, espérons qu’elle ne se résume pas à cela. Deuxièmement, à Ummagumma, préférez les deux albums solo (+ Opel) de Syd Barrett : simplicité dans la profondeur, vous ne le regretterez pas….

P.S. ou N.B. : le « pense-bêtisme », un courant d’avenir ?

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