XAVIER (BIEN) VEILHAN - PART 1/2

Si Jeff Koons, lors de son exposition événement au Château de Versailles, apparaissait volontiers sous les traits de Marie Sophie Leszczynska, l’étrangère, la Reine-mère polonaise, Xavier Veilhan sera sans doute la marquise de Pompadour, la favorite du roi, l’instigatrice des arts (et maquerelle frigide ?). Alors que Veilhan sera bientôt comme une Poisson dans l’eau des bassins de Versailles, petit tour d’horizon avant le Déluge médiatique à venir.

xavier veilhan versailles



Vous vous inquiétez. L’automne approche, l’exposition de Xavier Veilhan au Château de Versailles arrive à grands pas et vous ne vous sentez pas prêts. Alors que grâce à Paris Match vous aviez pu sauver les apparences sur Koons, voilà que vous tremblez désormais de ne pas pouvoir briller lors de futurs dîners entre amis. Pas de panique, nous sommes là (aussi) pour ça. Tout ce qu’il vous reste à faire et de choisir votre camp.

Xavier Veilhan est un des plus grands sculpteurs français et sans doute le seul à tenir la distance au niveau international. Il est surtout le seul flamboyant à réussir l’alliance, que l’on pensait perdue depuis les grandes cathédrales, entre respect des traditions et modernité forcenée. Veilhan est sculpteur. A l’heure même où personne n’ose même ne serait-ce qu’évoquer la mort de la sculpture tant celle-ci a semble-t-il disparu depuis le tout début du siècle précédent. Le plus ancien des arts conscients (hormis les balbutiements et autres barbouillages préhistoriques) s’est littéralement éclipsé du débat théorique. Remplacée par les installations, vidéos, photos, performances, et incapable de ressusciter comme sa consoeur picturale. Bref. Veilhan est sculpteur. D’un nouveau type. Un type qui se démène à travailler, entre stéréotypes et constructions atypiques.

Le travail de Xavier Veilhan traverse l’histoire de l’art. Il dépeint notre société avec un souci réaliste, voire naturaliste, très 19ème (Les habitants, Sebastien), n’hésite pas à « abstractiser » les formes, couvrant le 20ème siècle, des abstraits aux minimalistes (Blind Sculpture Renaud), mais dans une démarche qu’on pourrait rapprocher d’un néo-néo-classicisme (Eric), utilise à bon escient la haute technologie représentative du 21ème (Laurent (lacquered)), demeure l’artisan vénéré pré-16ème (Ford T), attise les couleurs, de la statuaire grecque originelle aux fauves (y compris ceux qu’ils sculptent, de fauves : Le Lion…). Il sait faire glisser à merveille sur les surfaces lisses et polies de ses sculptures des débats superficiels, connaissant parfaitement la profondeur du matériau, l’intelligence de la forme.

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Le pire est que réduire Veilhan a un sculpteur, entreprise de réduction, est encore réducteur. Car Veilhan est bien plus que ça : ses installations démontrent une réelle force de composition (La Forêt), d’analyse spatiale (Monceau) et d’interaction au spectateur (Le Feu). Veilhan affirme dans une démarche hautement référencée à l’histoire et à la théorie artistique, un sens certain de la conceptualisation et de la mise en exergue des enjeux et questionnements sous-tendus dans ses œuvres (Le baron de Triqueti, le Photorealistic Project, Laïka). Si l’on ajoute des performances sonores, de la photo, des interactions lumineuses, des monstres, des maths et un coucou, on commence à apercevoir les limites illimitées de l’œuvre fracturée mais terriblement structurée de Veilhan. Sous cet éclairage de maîtrise des lieux et de rapports complexse à la statuaire, on ne peut qu’être impatient de savoir ce qu’il réserve au Château de Versailles… ou pas.

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