LA FORCE DE L'ART 02 : "Y'A TANT DE VAGUES ET DE FUMÉE..."

Tout simplement parfaite. L’architecture de Philippe Rahm, la Géologie Blanche, conçue pour la Force de l’Art 02, est une réussite totale. On n’a sans doute jamais aussi bien accolé une scénographie à une exposition. La Triennale est finie.... Vivement la prochaine ?

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Oui, c’est sûr, la banquise artificielle est une démonstration absolue de l’essence même de cette manifestation. Création politique pour représenter la crème (glacée ?) de l’art français à un moment déterminé, sorte de cartographie en mouvement de ce qu’est la France sur le grand échiquier international. Alors pas de doutes possibles, la France est bien cet iceberg perdu dans l’océan de la création mondiale, cet ours inquiet de ne pouvoir penser qu’il n’existe plus d’alternative que la noyade. L’art français a fondu sous les rayons ardents de la Grande Verrière de la Grande Nef du Grand Palais du Grand Passé glorieux du Grand Empire Français. Il s’est noyé et personne ne semble décidé à lui jeter une bouée de sauvetage.

Mais pourquoi donc les expositions ne se font-elles par sur le papier, sorte de vision élargie de l’acte conceptuel ? Pas besoin de les réaliser, non, vraiment, on vous assure.... 3 commissaires plutôt (idéologiquement) séduisants : Ottinger, Froment, Jouannais, un lieu impressionnant, un budget (on imagine) conséquent, un projet intéressant et le champ vaste de la création française sous la main.... Mais le propos n’est pas de contester, ou non, les choix des artistes. Chacun y aura vu sa sensibilité récompensée et ses attentes assouvies dans des expressions différentes. Des déceptions confirmées, des mauvaises surprises, des joies et des peines, bref. Nous décernons tout de même la mention spéciale de la clairvoyance à Boussiron et Labelle-Rojoux pour avoir (une fois de plus) compris avant tout le monde que l’art est une mascarade sérieuse, tant qu’elle est drôle. À dire vrai, tout ceci sentait fort la fête foraine de province, vide, isolée, où rien ne fait rire, tout tourne à vide (et qu’est-ce que ça peut tourner là-dedans !) et rien (de pas trop rance) à se mettre sous la dent... Sauf un eskimo fondant.

Pour tous ceux qui pensaient que le Vide avait été traité en début d’année à Pompidou, que dire alors de la Force de l’Art 2ème édition ? Ce n’est pas une question de vacuité ou, encore une fois, de la qualité des artistes choisis (bien qu’il y aurait pas mal de choses à dire) ni même leur nombre, judicieusement réduit, qui laissait de la place (et quelle place !) à la mise en valeur de leurs oeuvres. Mais que s’est-il passé dans la tête du triumvirat ? Manque d’oeuvres, manque d’artistes, manque d’idées, manque d’ambitions, manque de temps ? Cette triennale sonne fatidiquement creux ; en plus, on vous offre un point de vu perché (le kebab de Wang Du) pour mieux vous rendre compte de la maquette d’exposition que la scénographie propose. Quand on pense que c’est censé représenté la création française, et ce, tous les 3 ans, il n’y a pas de quoi s’inquiéter, on a compris désormais. Le réchauffement climatique a été sans pitié sur cette Force de l’Art 02.... et le bébé de Villepin est parti avec l’eau du bain.

xavier boussiron arnaud labelle rojoux force art 2

Alors oui, effectivement, la banquise est symbolique de la place de la France, un glaçon oublié et dérivant loin des continents qui comptent sur l’échiquier artistique. Si l’artefact de banquise est une démonstration, par l’ironie, du silence environnant ce paradis blanc coupé des réalités (surtout celles des dimensions), le lieu est aussi très finement et pertinemment choisi : le Grand Palais, « Monument consacré par la République à la gloire de l’art français », n’a jamais aussi bien mérité sa dédicace....

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