XAVIER (MAL) VEILHAN - PART 2/2

Si Jeff Koons, lors de son exposition événement au Château de Versailles, apparaissait volontiers sous les traits de Marie Sophie Leszczynska, l’étrangère, la Reine-mère polonaise, Xavier Veilhan sera sans doute la marquise de Pompadour, la favorite du roi, l’instigatrice des arts (et maquerelle frigide ?). Alors que Veilhan sera bientôt comme une Poisson dans l’eau des bassins de Versailles, petit tour d’horizon avant le Déluge médiatique à venir.

xavier veilhan versailles



Vous dinez tranquillement au coin du feu en ce frais début d’automne entouré de quelques amis. Alors que tout se passe pour le mieux, voilà qu’un de vos convives vous a devancé et a déjà lu tout le bien qu’il pensait (ou devait penser) de ce sacré numéro de Veilhan. Pas de soucis, le costume du superhéros
Devil’s Advocate est taillé pour vous… En bon leader, suivez la marche.

Xavier Veilhan est sculpteur. En tout cas, c’est le métier qu’il exerçait avant. Avant qu’il ne devienne la caricature de lui-même, Galatée autoportraitisée. Il est certain que Xavier Veilhan stigmatise sur son travail toutes les tensions inhérentes au débat sur l’art contemporain français actuel. Peoplisation accrue et travail aussi lisse que le papier glacé des journaux d’où ne bave aucune critique (ne serait-ce que constructive). Un art poli comme ses œuvres, lisse et plat, où rien ne vient déranger le spectateur, rien ne vient faire vivre, vibrer la matière, secouer la réflexion. Aussi passe-partout et sans relief que de l’Air. Voire même du Sébastien Tellier : ils devraient tous travailler ensemble, ils sont faits pour bien s’entendre. Sous l’apparente brillance et la séduction facile de l’esthétique primaire, rien ne semble agiter le calme de pièces somnolentes et endormantes. Sa vision de la société, sorte de photographie sociologique en 3D, paraît être une vision pour le moins réductrice. Ses sculptures ont tendance à loucher du côté du cliché, stéréotypes dans lesquels personne finalement ne semble se reconnaître (Les habitants). Veilhan, artiste mou de la pensée ? Aussi discret que furtif (Furtivo), son travail est fondamentalement tiède et échappe clairement à toute tentative de transcendance. Proche d’un design devenu inutile (Le Rhinocéros), symptomatique de la sculpture publique (Le Lion), même sa sculpture n’échappe pas à l’affadissement engagé dans le reste de son travail. Solidement réaliste ou facettée, découpée, agrandie, rétrécie, brute ou laquée, le spectre sculptural proposé par Veilhan est suffisamment large pour séduire tous les publics, sans jamais tenter de sortir de l’anonymat et de la banalité. Un peu Bobo, un peu hautain. Coloration tendant fortement vers la débauche et l’appât de peu de vertu (Yogi), les poses sont à l’image des costumes et habits (Rico, David), plongées dans la fadeur doucereuse. On savait l’esprit aventurier de la société française définitivement perdu, on sentait sa culture sur la même pente, on ne pensait pas son art contemporain déjà si englué dans le marasme et la crise imaginative...

Xavier Veilhan

Cela devrait constituer un bon début d’argumentation pour soutenir vos contradicteurs, sachant que l’ouverture finale sur un début de polémique politique vous assurera définitivement l’adhésion des débateurs de tous poils et vous garantira, à n’en pas douter, une fin de soirée des plus animées et chaleureuses. Attention tout de même. Il est préférable dans cette seconde option de connaître un minimum le travail de Veilhan et de s’assurer d’avoir les épaules suffisamment solides. Il suffit d’un rapide coup d’œil sur Edouard (wood), Sophie, Vanishing point, La grotte, Black House ou encore Lili pour s’apercevoir que Veilhan est un artiste impressionnant et foncièrement doué, intelligent et pertinent… God damnit!

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