MARLÈNE MOCQUET : LE PROCÈS DE GILLES DE RAIS

C’est en 2006 que l’on a découvert le Fabuleux destin de… Marlène Mocquet. Comme dans une fable (dont les histoires se développent sous nos yeux ébahis dans ses peintures), on n’y croyait pas. Et l’on a toujours du mal, pour être tout à fait honnête, à se dire, que le conte de fée est vrai ; qu’elle est actuellement exposée au MAC de Lyon jusqu’au 19 avril 2009. Car on a beau le savoir, se repasser les peintures dans la tête, relire avidement les titres, éplucher les articles, on n’arrive pas à se défaire de l’idée que ce n’est pas bon. Pour nous, pour elle, pour l’art.

marlene mocquet



Alors, nous étions déjà un peu interloqués par l’article de Carole Boulbès (pourtant une sacrée pointure en la matière, peut-être trop « suréallistement (dés)orientée » sur ce coup là…) dans Artpress n°346. En résumé, il n’y a rien à chercher ni dans la peinture, ni dans les titres, ni dans la technique de Marlène. Entre hasard et possession mystique par la peinture (vite, un exorciste !), tout (et rien) est là. Mais voilà que la propre fiche d’exposition « aide à la visite » du musée lyonnais en remet une couche : « Sa peinture semble n’avoir ni origine, ni destination, ni présupposé intellectuel, ni conclusion philosophique, s’engendrant de la technique sans que jamais celle-ci ne soit ni unique, ni déterminante ». On ne peut dire mieux… L’auteur, anonyme mais non sans humour (du moins, espérons-le), se paie même le luxe d’ajouter : « Marlène Mocquet impose la présence de la peinture dans un monde de l’art qui paraît souvent en faire un médium désuet » (« Désuet », pour rappel : « Qui a cessé d’être en usage. Dont les manières ou l’apparence sont vieillottes ou démodées »). Est-il réellement besoin d’en rajouter ?

Forcément, en refaisant, en moins bien évidemment (rapport original / copie), ce qui date de près d’un siècle, on s’expose à quelques questionnements. Alors, pour sauver l’affaire, on déterre les vieux maîtres, les anciennes gloires, les immortels, les irréfutables : Magritte, Dominguez, Ernst, Hugo (si, si, le peintre… malheureusement), Dali, Redon, Moreau pour Boulbès, Bosch, Vélasquez, Cézanne du côté du MAC. Autant y aller franchement… Son travail inimitable ne semble se satisfaire de comparaisons à des artistes plus récents (puisqu’on vous dit qu’elle est unique !). Hormis les titres niais, le travail pictural des matières, l’empâtement notamment, est loin d’être inintéressant. Tout comme son jeu sur l’utilisation des silences de la toile brute. Marlène Mocquet n’est pas un mauvais peintre. Coulures, accidents, coloris, compositions, elle sait travailler ses toiles. Elle est plutôt un mauvais artiste. Son travail manque cruellement de profondeur et l’on s’inquiète de la suite possible à donner à une œuvre déjà conceptuellement circonscrite en moins de 3 ans de carrière. Seuls les grands soutiennent la durée ou nous émerveille par la réinvention dans le même. Laissons-lui l’innocence du doute.

Le problème est que son travail, s’inscrivant dans une dialectique frôlant le brut et le naïf, sonne faux. Terriblement. Elle n’atteint jamais la grâce d’ « artistes » tels qu’Antonin Artaud (pour replonger dans son époque) ou Daniel Johnston (pour plonger dans la nôtre) qui ont une réelle connexion à l’abandon et à la transcendance d’un hasard qui n’en ai jamais réellement un. Sa maîtrise de la peinture parait s’arrêter où débute la frontière de l’illustration pour enfants. Le vide n’est pas dans la représentation, il est dans la dimension à donner au médium peinture lorsque l’on choisit de repousser tout engagement conceptuel, ce qui est un choix honorable. Mais l’on s’attaque dès lors à de vrais géants (artistes / théories), pas ceux qui font peur à nos chères têtes blondes.

Que l’on ne se méprenne pas. Nous n’avons absolument rien contre Marlène Mocquet, elle est plutôt représentative de la place et de l’envergure de l’art en France, et sans doute un peu plus loin, il faut bien le dire. Une sorte de Marianne de l’art en somme. Elle fait seulement partie de ces artistes qui ne font que profiter, à juste titre, d’une combinaison d’éléments assez incroyablement favorables : une critique morte (de trouille ?), des collectionneurs fortunés, abondants et pas toujours très attentifs, des galeristes comme les collectionneurs (la fortune en moins), des institutions molles comme des œuvres d’Oldenburg, des foires qui, fort logiquement, se multiplient pour offrir toujours plus d’espaces aux nombreuses galeristes qui présentent leurs nombreux artistes aux nombreux collectionneurs…. Si l’on se demande bien qui brisera ces cercles dantesques (à l’heure où certains osent rêver à une crise purgative, assainissant, et pas uniquement en terme de prix, le marché), il est certain qu’on ne peut qu’être entièrement et complètement d’accord avec la déclaration courageuse d’Olivier Antoine, directeur de la galerie Art : Concept : « À mon sens, l'art produit au 21ème siècle plus de pollution que de sens ». Et donne furieusement envie de devenir un écologiste enragé…. Mais, si l’on revient au cas qui nous intéresse ici, c’est bien évidemment une excellente nouvelle qu’une institution reconnue ouvre ses portes à la jeune scène française. Seulement, comme un symbole, le musée lyonnais se targue d’avoir offert 500 m2 à plus d’une centaine de toiles de la jeune artiste. On vous laisse faire le ratio toile / espace... Est-ce réellement un accrochage qui permet d’appréhender une œuvre dans sa singularité ? A moins que l’on cherche à nous éloigner de ce qui fait pourtant la richesse, déclarée, de l’œuvre de Mocquet à savoir une exploration de la peinture en elle-même ? Quoi qu’il en soit, cela fait plus stand de foire qu’exposition muséale (toutes les tailles de toiles… pour toutes les bourses ?). Qui a osé dire que rarement le MAC de Lyon n’avait aussi bien porté son nom ?

Marlene Mocquet

Comme vous le savez sans doute, la critique d’art n’a plus aucune valeur, atteinte d’une maladie incurable contractée il y a près de 150 ans de cela, appelée « syndrome impressionistite », qui affaiblit considérablement ses facultés de juger et la conduit à l’aphonie. Cet article n’a donc, bien heureusement, aucune portée ni incidence. Rassurez-vous, l’artiste se marie à la fin et a plein de petits bambins (à tête de tâche, tout ne peut pas être toujours rose non plus…).


Marlène Mocquet: The Trial of Gilles de Rais.

On 2006, we discovered the fabulous fate of Marlène Mocquet. As on a tale (of whom stories grow under our gaping eyes), we didn’t believe it. And, to be perfectly honest, we still can hardly believe that the fairy tale is true; that’s she has an exhibition at the MOCA of Lyons until April 19, 2009. Even if we know it, we gaze at the paintings, we avidly read the titles once again, we dissect articles, we can’t part with the idea that it’s not good. For us, for her, for art.

We were a little bit surprised by Carole Boulbès’ article on Artpress n°346 (she is, however, a reference on the subject, maybe too “surrealistically (dis)orientated” at the time…). To sum up, there is nothing to look after on painting, titles, or Marlène’s technique. Between hazard and mystical possession by painting (help, we need an exorcist!), everything (and nothing) is there. Even the exhibition form “visit help” of the museum of Lyons tags on: “Her painting seems to have no origin, no destination, no intellectual presupposition, no philosophical conclusion, coming from technique but this latter is never unique or decisive”. Any other offers?... The author, anonymous but not humorless (well, let’s hope it is humor), dares to add: “Marlène Mocquet imposes the presence of painting on the art world which considers it as a old-fashioned medium” (as a reminder, “old-fashioned”: “of a thing, outdated or no longer in vogue”). Do we really need to say more?

Obviously, when you do the same thing, on a poor manner (original / copy relationship), of century-old works, you put yourself at risk and questions. So, to save the day, you dig up Old Masters, old glories, immortals, absolute: Magritte, Dominguez, Ernst, Hugo (the painter, unfortunately), Dali, Redon, Moreau for Boulbès, Bosch, Vélasquez, Cézanne for the MOCA. Quite references… Her inimitable work does not bare comparisons to contemporary artists (don’t forget, she’s unique!). Except for stupid titles, the pictorial work of matters, notably the impasto, is far from being uninteresting. Like her way to play with silences of raw canvases. Marlène Mocquet is not a bad painter. Drips, accidents, colors, compositions, she knows how to work on her paintings. She is much more a bad artist. Her work suffers cruelty from a lack of deepness and we are still worried about the following step, because her work seems to be conceptually limited on three years time. Only the great artists succeed to keep on filling us with wonder by reinventing themselves on the same. Let’s her the innocence of doubt.

The problem is that her work, registered on a dialectic flirting with brut and naïve, doesn’t ring true. Terribly. It never reaches the grace of artists such as Antonin Artaud (to evocate her period) or Daniel Johnston (to talk about ours) who are really connected to the disuse and transcendence where hazard is never completely real. Her mastership of painting ends with the border of children illustration. The emptiness is not on representation, it is on the dimension to give to painting medium when you choose to reject conceptual involvement, that is an honorable choice. But you fight with real Giants (artists / theories), not the ones who scare our sweet little kids.

Don’t misinterpret. We have absolutely nothing against Marlène Mocquet, she is more representative of the position and stature of France, and maybe, far away. A kind of art Marianne. She is only one of these artists who quite rightly benefit from a quite amazingly combination of favorable elements: art criticism scared to death, rich, numerous, not always alert art collectors, art dealers as collectors (less the fortune), institutions as soft as Oldenburg’s sculptures, fairs that, logically, grow in number to offer spaces to numerous galleries to exhibit their numerous artists to numerous art collectors… If we can ask who will break these Dantesque circles (when some protagonists dream of a purgative crisis, stabilizing the market, and not only concerning prices), we totally and completely agree with the courageous declaration of Oliver Antoine, director of the Art: concept gallery: “According to me, art produces, during the 21st century, more pollution than meaning”. And gives a furious wish to become a fanatical environmentalist… Concerning our present example, it’s great that a renowned institution opens its door to the young French art scene. But, as a symbol, the museum of Lyons is proud to claim that it offers 500 sq.m. to one hundred or so canvases of the young artist. We let you calculate the canvas / space ratio… Is it seriously a display allowing people to understand a work on its uniqueness? Maybe they try to drive us apart the (declared) wealth of Mocquet’s work, i.e. an exploration of the mere painting? At all events, it’s closer to an art fait stand than to a museum exhibition (we find every size of canvases… for every stipend?).

As you probably already know, art critic is valueless, affected by an incurable disease contracted 150 years ago, called “impressionistit syndrome”, that considerably weakens its faculty to judge and leads it voiceless. This article has fortunately neither impact nor incidence. Don’t worry, at the end, the artist gets married and has numerous kids (with heads of stains, everything can’t always be a bed of roses…).

1 commentaire:

  1. L 'auteur de cet article est en droit de ne pas aimer la peinture de l'artiste , mais son avis est très loin d'être objectif voir envieux de cette peinture
    Personnellement je trouve cette artiste audacieuse et promise à un bel avenir
    Nad bena

    RépondreSupprimer